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2015-03-09T11:04:17+01:00

Reprise du chapitre 1 - Page 1

Publié par Flow/Tenshi

Vous remarquerez que le personnage principal n'est plus Yue désormais. Je trouve plus judicieux que le personnage principal soit la 5e roue du carrosse, donc Enoa. En effet, mettre Yue en avant dévoilerait toute l'intrigue dès le départ, ce qui n'est pas là mon but. J'espère que ce changement de point de vue vous plaira tout autant qu'aux auteures. Bonne lecture !

En cette fin d'après-midi d'un mois de novembre froide et humide, une pluie, fine et glacée, s’abattait sur la ville depuis le début de la matinée et s'estompait mélancoliquement dans les dernières lueurs du soir lorsqu'un jeune garçon de quinze ans, haut comme trois pommes, frêle et à l'allure étrangement androgyne ,se présenta devant les grilles d’un portail en fer forgé d’une grande bâtisse grisâtre. Ce charmant bambin à l'apparence presque irréel, doté d'un visage merveilleusement angélique encadré par de beaux cheveux châtains tirant vers le blond ainsi que par ses grands et magnifiques yeux en amande d'un vert émeraude énigmatique, renvoyait un contraste plus que saisissant avec la lugubrité des lieux, dont l'aspect ténébreux évoquait davantage un centre de détention austère plutôt qu'une institution amicale censée le remettre dans le bon et droit chemin. Portant une cigarette à ses lèvres, Enoa dévorait du regard cet établissement où il se devait de passer les prochains mois de son existence avec une certaine crainte et le sentiment viscéral que son séjour en ces lieux changerait le reste de sa vie, qu'elle ne serait jamais plus la même. Il jeta un bref regard en direction de la plaque argentée sur le côté droit du portail où l’inscription apposée lui fit froncer les sourcils, plutôt agacé d’être déjà catalogué avant même son entrée sur le territoire de la très haute société aristocratique : Foyer de réinsertion éducative et scolaire.


« Je savais qu’en franchissant le seuil de ce lieu…. »


Il jeta négligemment sa cigarette dans le ruisseau du caniveau, poussa lentement le portail dont le grincement sinistre le fit frémir et pénétra dans l’enceinte de sa nouvelle demeure. La cour, couverte de gravillons, faisait résonner chacun de ses pas comme des sons de cloches à travers une campagne désertique, paraissant se faire le délateur des moindres allers et venues des jeunes innocents séquestrés dans cette prison d’état. Cette aridité humaine rendait Enoa perplexe, se demandant l’espace d’un instant, s’il se trouvait bien à la bonne adresse. L’hospitalité, comme le temps, n’incitait pas à la joie et à la bonne humeur.


- Tant que c'est un endroit où crécher, tenta de se rassurer le jeune garçon.


A l’intérieur de la bâtisse, tout était, dans un premier temps, aussi calme et silencieux que les abords extérieurs. Néanmoins, les échos d'une conversation téléphoniques amena les pas d'Enoa vers une porte entre-baillée orné d'un écriteau pour le moins explicite : Directeur. L'enfant leva le bras, prêt à frapper mais s'arrêta brutalement dans son élan. Il hésitait. La peur de l'inconnu le paralysait littéralement sur place. Cependant, il se devait de se montrer fort et courageux aux yeux du monde lorsqu'il ne se trouvait pas en présence de son père. La gorge nouée, tremblant comme une feuille, il inspira un bon coup et donna timidement deux petits coups sur la porte. Une voix autoritaire l'invita à entrer. Un austère bureau se présenta à lui où, assis derrière son écran, se tenait un grand homme grisonnant et svelte, en costume-cravate, tenant encore un combiné à la main. Il scrutait Enoa avec une attention un petit trop particulière, voire même un soupçon de perversité. Mal à l'aise, Enoa se raccrocha un peu plus fort à son sac, restant planté dans l'embrasure de la porte un bref instant avant de faire quelques pas dans l'antre du représentant de l'autorité du pénitencier. Cette attitude jugée peu polie du jeune garçon fit froncer les sourcils de l'irascible directeur. Un sourire pernicieux se dessina sur ses lèvres tandis qu'il remettait posément le combiné sur son socle et croisa les mains en les amenant à son visage sans perdre de vue Enoa un seul instant. Cette situation s'appesantit davantage sur les épaules du garçon qui baissa les yeux en serrant la mâchoire. Les larmes lui montait aux yeux et malgré tout ses efforts pour se contenir afin de ne pas donner l'impression de n'être qu'un faible bébé abandonné, il crut, malgré lui, en sentir une lui couler sur la pommette.


- Ferme la porte, lui ordonna le directeur.
- Pas question !, s'exclama aussitôt Enoa en redressant la tête avec surprise.


Enoa ne pouvait pas répondre de manière positive à cette requête excessive. Son cœur se mit à battre plus vite, plus fort comprimant sa respiration qui se fit haletante, difficile tandis que ses mains se resserrèrent encore plus fortement sur la lanière de son sac. La réitération de la demande du directeur augmentait la tension qui pesait sur l'enfant. Suffocant à chacune de ses inspirations alors que la pièce semblait s'étirer en hauteur et en largeur comme pour mieux venir l'écraser. Enoa n'avait qu'un seul et unique échappatoire face à un tel ordre en provenance d'un inconnu. Voyant l'enfant faire un pas en arrière, le directeur bondit aussitôt de son siège, tétanisant le pauvre petit déjà tout effrayé, et se précipita sur la porte afin de la refermer lui-même. Réalisant ce qui se passait, Enoa reprit ses esprits et se jeta à son tour sur la porte, s'y accrochant aussi fermement que possible dans le but de la garder ouverte. Les larmes aux yeux, se battant avec l'énergie du désespoir, la bataille fut malgré tout de courte durée. Le directeur eut bien largement le dessus. Il attrapa le gosse par le collet et, l'arrachant de la porte, l'envoya rouler au milieu de la pièce. Agacé par cet enfantillage inutile, il la claqua sèchement et se retourna vers Enoa. A présent, ils allaient pouvoir avoir un entretien en tête-à-tête de façon plus intime et confidentiel. A sa grande surprise, alors que le petit paraissait totalement vaincu, il se releva d'un bond en se ruant vers la porte comme une furie. L'homme, faisant barrage entre le gamin et la sortie, n'eut qu'à écarter les bras pour venir s'emparer de lui à bras le corps, le retenant fermement pendant que le gamin se débattait et hurlait comme un chaton enragé. Enoa, retenu in extremi, alors que le bout de ses doigts venaient d'effleurer la poignée de la porte, redoubla d'efforts pour s'extraire de la puissante poigne de l'adulte. Dans leur corps-à-corps bestial, ils trébuchèrent ensemble, poursuivant la mêlée au milieu de la pièce.


- Alors c'est ici que le plaisir croît, on dirait, s’exclama une voix de façon sarcastique.

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